• Apprendre les syllabes déterminantes : Explications

     

    Et voici enfin l'article le plus important de ce site : la présentation des jikimari, ces mystérieuses syllabes déterminantes dont j'ai déjà parlé dans un précédent article.

    Pour commencer, rendez-vous sur ce lien, et téléchargez le document. Vous y trouverez toutes les cartes avec comme nom (d'image) leur nom de carte, et pour certaines, seront indiquées entre parenthèses les syllabes qui suivent mais qui ne sont pas déterminantes. Un autre dossier, que je détaille plus bas, sera également présent.

    Pour rappel, et afin que ce soit bien clair dans l'esprit de chacun : chaque poème est découpé en deux parties, seule la deuxième étant inscrite sur les cartes de jeu. L'objectif est donc d'être capable de reconnaître la 2e partie du poème (et sa carte) à partir de la première partie qui sera lue. Ainsi, un poème qui peut être reconnu à sa première syllabe implique forcément qu'aucun autre poème ne commencera par cette syllabe. C'est pourquoi il n'existe qu'une carte commençant par "su", "sa" ou encore "se". En revanche, un poème qui ne peut être reconnu qu'à partir de la 4e syllabe, comme "Chigiriki" implique qu'au moins une carte commence par "Chigiri" (Chigirio), et que d'autres commencent peut-être simplement par "Chi" (Chiha).

    La principale difficulté du Karuta réside donc ici : être capable de donner la syllabe déterminante d'un poème simplement en voyant la carte. Et une fois que ce sera fait, tout ce que vous aurez à retenir, c'est par exemple que "SE" est dans votre coin droit. La deuxième partie du poème deviendra alors inexistante à vos yeux.
    Si cela vous paraît bien trop difficile et que vous paniquez déjà à l'idée de retenir tout ceci, rassurez-vous ! Il existe des cartes particulières qui vous permettent de jouer sans même connaître tout ceci ! J'en parlerai à la fin de cet article, donc surtout, n'abandonnez pas en cours de lecture parce que vous perdez espoir. Même si vous ne pouvez pas retenir le nom des cartes, vous pourrez tout de même jouer !

    Maintenant, comme apprendre ces noms? C'est là la question que vous devrez vous poser. Inutile de connaître le sens des poèmes, ça n'est qu'un moyen parmi d'autres de retenir les noms. J'ai fait sans pour l'intégralité des cartes.

    Il existe globalement trois manières de mémoriser les cartes : utiliser des caractères sur la carte qui sont proches du nom, utiliser des caractères qui dénotent un peu et fonctionner par association d'idée, ou apprendre par coeur. J'ai pour ma part appris par coeur environ 5 poèmes car je n'arrivais pas à retenir les noms autrement (ou parce que j'aimais bien les poèmes, tout simplement). Je dirais que pour une dizaine d'autres poèmes, j'ai dû faire sans moyens mnémotechniques, et simplement m'habituer à l'ensemble de la carte.

    Quoi qu'il en soit, utilisons des exemples pour vous faire comprendre l'idée.

     

    YURA

     

    Cette carte s'appelle "yura". Cela signifie donc que quand vous entendrez "yura", vous serez sûr à 100% que c'est de cette carte qu'il s'agit.
    Pour info, les caractères du poèmes se lisent ainsi (de haut en bas, puis de droite à gauche) : YU KU HE MO SHI RA NU KO HI NO MI CHI KA NA.

    Maintenant, si je vous dis "trouvez un moyen de retenir que cette carte s'appelle YURA", vous y arriveriez?
    Si vous avez l'habitude d'user de divers moyens mnémotechniques, je suis sûr que oui. Mais si ce n'est pas le cas, pas de problème, ça viendra vite, et je vous donnerai des conseils pour vous aider.

    Alors? Vous avez vu le "truc" ?
     

     

    Yura

     

    Eh oui, c'est bien ça. Si on regarde de droite à gauche, on voit les caractères "yu" et "ra" en hiragana. Le nom de la carte est donc présent de manière presque évidente.
    C'est idéalement de cette façon là que vous mémoriserez vos cartes. Là, je suppose que ça vous rassure, non? Pas besoin d'un niveau de fou en japonais pour réussir dans ces conditions.

    Modérons toutefois nos propos. Certaines cartes ne sont pas aussi évidentes, et il arrive qu'aucun caractère du nom ne soit inclu sur la carte. Dans ces cas là, on usera de moyens mnémotechniques parfois assez détournés.

    Prenons par exemple...


     

    Yuu

     

    Tiens, "Yuu", la carte jumelle de "Yura" justement.

    Les deux caractères entourés se lisent "Ashi". Donc je suppose qu'en voyant ça, ça ne vous évoque absolument rien, n'est-ce pas? C'est normal. Il faut faire un peu de gymnastique intellectuelle. "Yuu", en japonais, c'est le début de "yuurei", le fantôme. Or, dans les contes japonais, les fantômes n'a pas de jambes, et "ashi", les premiers caractères de la carte, signifie justement "jambes". Bref, en voyant "ashi", vous penserez "pas de jambe" --> "fantôme" --> "YUU(rei)".

    Peut-être que vous trouverez une manière plus efficace à vos yeux de mémoriser cette carte, et dans ce cas, tant mieux ! Je n'ai écrit ici que dans le but de vous montrer un exemple, afin que vous ayez une idée de la façon dont on peut mémoriser les cartes.

    Dans mon prochain article, je vous donnerai un maximum de conseils pour apprendre le plus facilement possible le nom des différentes cartes.

     

    J'AI MEMORISE, ET MAINTENANT?

     

    Le but dans un premier temps est d'être capable de reconnaître de manière sure et certaine les cent cartes. Les reconnaître vite, ça viendra après. Mais quitte à y passer 20 secondes, vous devez avoir un moyen de dire "c'est bon, j'en suis sûr, cette carte c'est Yura parce que... (=les caractères YU et RA sont présents sur la carte)".

    Une fois que c'est fait, vous allez pouvoir commencer à vous entraîner afin de réduire ce temps. Au début, pour les 100 cartes, il n'y aura rien d'étonnant à ce que ça vous prenne 10 minutes, voire plus. Tout le monde commence ainsi. Mais en vous entraînant, vous arriverez vite à réduire de plusieurs minutes ce temps.

     

    Pour commencer, ayant bien en tête les 100 cartes de Karuta. Si vous avez oublié que les cartes "yura" et "yuu" existent, vous aurez bien plus de mal à retrouver leur nom en voyant leur carte. Là, faites comme vous le sentez. Lisez autant de fois qu'il le faut les noms, faites vous des listes, répétez les, bref, tant que vous les retenez, c'est l'essentiel. Pensez également à les apprendre par associations, par exemple en prenant toutes les cartes commençant par "A", et au sein même de celles-ci, triez les par cartes jumelles, et dans l'ordre des plus courtes aux plus longues (donc par exemple : AI, ASHI, AKE, AKINO, AKIKA, AMATSU, AMANO, etc...). Faites également attention à leur nombre. Par exemple, savoir que 3 cartes commencent par "CHI" vous permettra, une fois que les 2 premières auront été lues, d'être sûr à 100% que la suivante pourra être prise directement sur "CHI" sans risque de faute.

    Ceci fait, prenez vos 100 cartes, et faites les tourner en essayant de donner leur nom le plus vite possible. Le logiciel Kazemiso vous simplifiera ici significativement la tâche.

    N'oubliez pas également d'apprendre à lire les cartes à l'envers. Ce sera utile pour quand vous devrez lire les cartes de l'adversaire.

    Pour information, un 2e dan sera généralement capable de lire les 100 cartes en l'espace d'une minute (bien que certains n'y parviennent pas), mais on ne peut pas en attendre autant d'un étranger. En effet, le japonais étant habitué à ne lire que des hiragana, il aura une vision globale de tous les caractères inscrits sur la carte. En revanche, l'étranger doit se focaliser un peu plus sur les caractères, et aura du mal à voir sans regarder, si vous saisissez la nuance, qui a ici son importance. Malgré tout, aucun problème de ce côté ! Lire en une minute les 100 cartes, ça ne sert à rien ! Pour ma part, je stagne à 1 minute 25 secondes (j'ai arrêté de m'entraîner il faut dire), mais ça ne me pénalise même pas un tout petit peu. On peut dire qu'à partir de 3 minutes pour les 100 cartes, vous pourrez jouer de manière tout à fait normale, et qu'à partir de 2 minutes, vous ne ressentirez plus la moindre gêne.

    Il sera très important pour vous de chronométrer ces essais ! En effet, cela vous donne un objectif clair et mesurable, et il n'y a rien de mieux pour maintenir sa motivation intacte.

     

     

    J'AI DU MAL A MEMORISER, MAIS J'AI VRAIMENT ENVIE DE JOUER, JE FAIS COMMENT?

     

    Pas de soucis ! Les Japonais ont pensé à vous ! Enfin, à tous les débutants qui souhaitent pouvoir jouer rapidement.

    Il existe en effet des cartes réservées aux débutants sur lesquelles sont directement inscrits en grosses lettres rouges les noms des poèmes : les kimari-fuda. Vous vous souvenez de cet épisode de Chihayafuru, au tout début, quand Arata dit à Chihaya que dorénavant, il voit en rouge son nom sur la carte "Chiha" ? Eh bien c'est une référence à cela justement.
     

     

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    Avec ces modèles là, pas besoin de s'embêter à mémoriser chacune des cartes de jeu. Il vous suffit de lire les lettres inscrites en rouge, et c'est bon, vous saurez à partir de quelle syllabe vous pourrez la prendre.
    Au Japon, on fait toujours jouer les débutants avec ces cartes durant quelques parties, car entrer dans le grand bain dès le début serait trop brusque. L'idée est de s'habituer aux mécaniques du jeu, s'habituer à mémoriser les 50 cartes sur les terrains, et quand enfin on se sent prêt, on peut alors faire le grand plongeon.
    Par conséquent, si vous mêmes avez envie de vous essayer un peu au Karuta, mais avez peur de ne pas être capable de tout retenir, ou souhaitez avant tout vous faire une idée des parties, il ne vous reste qu'à imprimer ces cartes et à jouer avec.
    Vous pourrez les trouver dans le document que j'ai joint plus haut !
     
    Voilà, vous savez maintenant tout ce qu'il faut sur les syllabes déterminantes, et si vous avez suivi toutes les étapes jusqu'à maintenant (à savoir télécharger les documents que j'ai mis à votre disposition, apprendre les hiragana et les règles du karuta, puis mémoriser les cartes ou imprimer les kimari-fuda), vous serez même enfin capable de réaliser vos premières parties de Karuta ! Evidemment, il y a encore tout un tas de choses à savoir, comme comment placer ses cartes, comment les prendre, comment ne pas faire de fautes, quelles cartes envoyer à l'adversaire, mais chaque chose en son temps. Avant de faire le deuxième pas, commençons par terminer le premier !

  • Commentaires

    1
    zackalucard
    Jeudi 25 Juin 2020 à 18:38

    Bonjour,

    Merci pour ces articles de blog très intéressants. J'ai découvert un peu par hasard le Karuta grâce au Hyakunin Isshu. Celui-ci m'a d'abord été expliqué par mon professeur de cérémonie du thé, alors même que j'étais en train de lire une anthologie sur la littérature japonaise. Elle m'a ensuite expliqué l’existence d'un jeu basé sur ces 100 poèmes. J'ai décidé d'apprendre ces tanka à raison d'un par semaine (j'en connais désormais deux - le 2ème de Jitô Tenno [Meguri aite] et le 57ème de Murasaki Shikibu [Haru ni sugite]).
    Puis aux détours de recherches sur internet, j'ai découvert ce qu'était le Karuta. Et je dois admettre que ça a l'air passionnant :)
    Je découvre petit à petit les règles et les subtilités d'apprentissage dans le cadre du jeu.

    Je me permets de laisser un commentaire car les différents liens mentionnés ne fonctionnent pas :

    - Le lien qui renvoie vers le site de Kurata France ne marche pas (et je ne le trouve pas sur Google).
    - Les différents liens de téléchargement (sur cet article, mais également les autres) renvoient vers des pages de pub.

    Bonne continuation.

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