• La rédemption dans les mangas

    La rédemption dans les mangas

    Cette idée de sujet m'est venue alors que je me baladais sur un blog, avant de découvrir une question pleine de sens : Un ennemi peut-il devenir un ami?
    Question philosophique? Psychologique? Culturelle?
    Que nenni !

    En fait, cette question est une porte ouverte à une analyse poussée de la psychologie mangaesque.
    Explications tout de suite !


    1. La rouste rédemptrice

    La première réponse à cette question qui vient à l'esprit d'un type normal (comprendre "légèrement dérangé") est : Un ennemi peut devenir un ami après s'être pris une rouste !
    Quoi de plus courant que de réaliser après s'être pris une vingtaine de claques, de jutsus et sortilèges qu'on était dans le faux?
    Les personnages de manga n'ont en effet aucun sens de l'argumentation (les mangaka n'ayant pas suffisamment de temps pour organiser une véritable réflexion), c'est pourquoi, pour faire comprendre qu'ils ont raison, ils décident de tabasser le méchant, tout en lui disant ici et là "Est-on vraiment obligé de se battre?!", "On pourrait tous être amis !", "Crétin !! Tu ne vois pas qu'on est tous dans la même situation, mais que nous on essaie de vivre?!"

    Et là, le méchant, stupéfait par un raisonnement si... persuasif (oui, c'est plus de la persuasion que de l'argumentation ça. On frappe le coeur, au sens propre comme au figuré), prend conscience de toute sa bêtise, et rejoint la cause du héros, qui lui aura ouvert les yeux, soit disant grâce à son charisme, à sa simplicité, à son respect de l'amitié.
    Watsuki, dans son manga Kenshin, a essayé de diminuer cet aspect, en utilisant comme "bouc émissaire" Yahiko, qui lâche, gros naïf qu'il est, après la victoire contre Shishio :
    Finalement, si on a gagné, c'est qu'on a raison?
    (Vous remarquerez toute la portée philosophique de sa pensée)
    Kenshin, utilisant bien la perche que lui tend son faire-valoir, lui répond que s'il pense ça, c'est qu'il ne vaut pas mieux que Shishio.
    C'est bien ça... N'empêche que peu de temps avant, Aoshi et Anji devenaient gentils après s'être fait rétamés (comme quoi, gagner un combat fait adopter à l'adversaire notre point de vue)... T'es pas crédible Kenshin !

    L'exemple le plus frappant de tout ceci est bien évidemment Naruto, dont le héros aurait pu être surnommé "La rouste persuasive". Il convainc en effet Zabuza, Neji (un raté peut vaincre un génie / Tu dois obtenir toi même ta propre liberté), et enfin bat tous les records avec Gaara (personnage qui du psychopathe en phase terminale passe au gentil copain ébloui par la gentillesse de Naruto, que ce dernier lui aura inculquée en le tabassant sévèrement)


                                                           

    Cette rédemption violente prend tout son sens dans cette expression typiquement mangaesque : "Je vais t'ébranler par la force de mes convictions". Ainsi, c'est parce qu'on a la foi qu'on gagne. C'est pratique quand même.


    2. La rédemption car ça fait avancer le scénario

    Il arrive aussi par moment que certains personnages, d'apparence méchants, changent du tout au tout pour des besoins scénaristiques. Ainsi, ils quittent leur statut de "vaurien de première" pour devenir ce que l'on appelle (pas) communément des "gentil méchants", ou plus concrètement des "Vegeta" : vous savez, ces personnages qui jouent les rebels -à l'anglaise siouplait- parce que ça le fait . Pourquoi rebels, me demanderez-vous? On m'a dit, en réaction à cet article, que Vegeta n'était en effet pas un rebel.
    Mais vous, vous appelez ça comment un type qui, quand la Terre se fait attaquer, crie au nouveau méchant :
    "Je viens pas pour sauver la terre, mais uniquement te foutre une rouste car ta tête me revient pas" ?
    Seulement, dans ces cas là, rien ne laissait prévoir qu'ils pourraient changer, non, pas même une rouste !

    Comment est-ce possible alors?
    Les mangaka ont trouvé une méthode infaillible, tirée du cinéma : le Flashback
    L'on apprend ainsi que le personnage a été (au choix) torturé dans sa jeunesse, forcé à agir maléfiquement, ou alors on le voit plus simplement dans une situation où il passe pour un type bien.
    Et là, c'est magique. Le type vient, joue son rôle de rival auprès du héros (pfff, si tu crois que je fais ça pour toi... Je fais ça pour l'amour du combat/elle/moi), mais au final, il l'aide dans sa quête.
    Et étant donné que le lecteur comprend (enfin) pourquoi il avait agi mal jusque là (parce qu'il avait des raisons, et parce qu'il n'était pas si méchant que ça au fond), il le pardonne, et et le gentil méchant devient son nouveau personnage favori.

    Quant aux raisons du mangaka, elles sont moins nobles que celles de son personnage. Généralement, il procède ainsi parce que son personnage était trop populaire pour se faire rétamer, parce qu'il avait besoin de donner des potes au héros, parce qu'il voulait donner une dimension non-manichéenne ou parce qu'il ne savait plus comment faire évoluer le scénario.

    Ici, on retrouve principalement deux exemples :
    Le premier, Samurai Deeper Kyo, en devient assez ridicule. On apprend que Kyoshiro n'était en fait pas le lâche qu'il était mais un mec super balèze et pas très sympa (on se demande d'ailleurs toujours pourquoi il a failli se laisser crever à plusieurs reprises, en criant "Non, non, arrêtez où alors je vais devenir super puissant et vous rétamer", et pourquoi Kyo considérait Kyoshiro comme une loque à ce moment... enfin passons), et plusieurs de ses ennemis deviennent ses compagnons (comme Luciole, Akira, dont on voit de nombreux flash back où ils étaient copains comme cochon. Oui, les cochons sont de bons potes). Bref, au final, tout le monde il est gentil, et c'est ça qu'est bien.

    Autre exemple bien représentatif : Bleach.
    En effet, Renji apparaît au début comme un sale type, qui ne respecte pas Rukia. Et au final, il devient gentil au moment où on le voit, dans un flashback, copain avec Rukia quand il était plus jeune, quand on le voit se battre avec elle (et il lui faudra 5 tomes pour se rappeler de ces conneries bien sûr)... Et quand on le voit jouer le type mélancolique "Je préfère faire la surprise à Rukia pour ma montée en grade quand je la reverrai"... En sachant que cette "prochaine fois" où il la revoit, c'est quand il descend sur terre pour se foutre de sa gueule (et étrangement, il oublie de lui en toucher un mot, à propos de sa montée en grade...) et la kidnapper.
    L'autre exemple de ce manga est Byakuya. Passant pour un type froid, qui n'a rien à cirer de sa soeur, on apprend après coup qu'il se souciait d'elle, et qu'il avait un lourd passé. Pratique pour changer. Finalement, la fraternité l'emporte sur la base scénaristique.


    3. La Rédemption parce qu'on sait plus quoi faire et parce que Happy enjoy

    Et je finis avec ce dernier point, que l'on retrouve principalement dans un manga : Dragon Ball. Les personnages méchants se rallient souvent à Son Goku après s'être pris une rouste, mais celle-ci est rarement la cause de leur changement de comportement. En effet, pour prendre l'exemple de Vegeta et de Piccolo, ils ont tous les deux rejoint Goku pour lutter contre l'envahisseur dans un premier temps. Pourquoi sont-ils rester après? Tout simplement parce qu'ils ne savaient pas où aller. Ils se sont raccrochés à l'idée qu'ils étaient les rivaux de Goku pour rester sur Terre, planète qu'ils n'ont pas voulu détruire parce que ç'aurait pas été fun, et par conséquent, ils se sont pacifiés.

    Mais tout ceci n'est possible que grâce à une chose : Les boules de cristal. En effet, en ressuscitant toutes les victimes de ces anciens méchants, on ne pouvait plus vraiment leur en vouloir. On pouvait leur reprocher d'avoir voulu détruire la planète, mais si tout a été réparé par magie, ce n'était pas plus qu'un pétard mouillé.
    Ainsi donc, Toriyama-sensei nous enseigne une belle leçon de morale : Quand tous les crimes d'une personne sont effacés par magie, l'on peut accorder le pardon.
    Merci Toriyama-sensei !!!

    Finalement, si les gentil méchants ont souvent des traits communs qui leur viennent de leurs anciennes habitudes (Être le rival du héros, être peu bavard, arriver au dernier moment...), il faut leur reconnaître une chose : Ils ont tous une raison bien particulière pour avoir obtenu la rédemption, et tout ça n'est rendu possible que grâce aux nombreuses années d'études en psychologie des mangaka.


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